Une équipe de chercheurs a proposé cinq schémas argumentatifs dans le but de résoudre différents crimes. Leur but est aussi de protéger les droits des personnes soupçonnées de crypto-criminalité tout en aidant les enquêteurs.

Une équipe de chercheurs de la Friedrich-Alexander-Universität Erlangen-Nürnberg a récemment publié un article détaillant les méthodes que les enquêteurs et les tribunaux peuvent utiliser pour déterminer la validité des données désanonymisées sur la blockchain Bitcoin.

L’article de l’équipe, intitulé “Argumentation Schemes for Blockchain Deanonymization” (schémas d’argumentation pour la désanonymisation de la blockchain), présente le plan directeur. L’objectif est de mener, vérifier et présenter des enquêtes sur des crimes impliquant des transactions en crypto-monnaies.

Bien que l’article se concentre sur les systèmes juridiques allemand et américain, les auteurs affirment que les résultats devraient être applicables d’une manière plus générale.

Des informations non fournies par la blockchain

Les enquêtes sur les crimes liés à Bitcoin tournent autour de la désanonymisation des criminels présumés. Celui-ci est un processus rendu plus difficile par la nature des blockchains.

Les utilisateurs qui effectuent des transactions sur la blockchain peuvent être en effet identifiés par des portefeuilles (adresses logicielles uniques) plutôt que par des noms légaux.

Toutefois, les blockchains sont intrinsèquement transparentes. Chaque fois que des données s’ajoutent au grand livre de la blockchain, la transaction s’enregistre et se retrouve à disposition de toute personne ayant accès à la blockchain.

Les enquêteurs qui tentent de déterminer qui se cache derrière un portefeuille spécifique utilisent les informations contenues dans les transactions de la blockchain.

D’ailleurs, nous retrouvons parmi elles des points de données qui, une fois combinés, forment une trace écrite numérique.

Des enquêtes pas toujours faciles

Selon l’équipe de recherche, le principal obstacle à ces enquêtes n’est plus d’ordre technologique, mais plutôt d’ordre juridique.

Les organismes chargés de l’application de la loi ont accès aux outils nécessaires. Ceci afin d’effectuer une analyse préliminaire de la blockchain. Cependant, ces premiers points de données représentent des preuves circonstancielles.

En effet, ces preuves reposent sur certaines hypothèses brutes. Celles-ci ne peuvent être validées qu’en reliant l’activité sur la chaîne à l’activité hors chaîne.

Par exemple, il sera nécessaire d’obliger une bourse à divulguer l’identité ou les informations bancaires d’utilisateurs soupçonnés d’être impliqués dans des activités criminelles.

Selon le document, dans la pratique juridique, ces hypothèses sont essentielles. Ceci dans le but de déduire la valeur probante de la désanonymisation d’un auteur. Cependant, aucune pratique standard pour dériver et discuter de la fiabilité de ces résultats d’analyse n’a pu se proposer.

Si elles sont menées correctement, les enquêtes sur la blockchain peuvent révéler l’auteur d’un crime. Les chercheurs citent en exemple l’affaire du Wall Street Market.

Les enquêteurs de l’U.S.Postal Service ont pu identifier l’opérateur d’une place de marché illégale sur le dark web. Ceci en connectant divers points de données.

Par ailleurs, ils ont réussi grâce à la corroboration par les agents des forces de l’ordre de différentes opérations de surveillance.

Une méthode avec encore quelques limites

En effet, les chercheurs affirment que ces enquêtes risquent d’empiéter sur les droits des suspects. Ceci en raison d’exigences légales.

Les procureurs en Allemagne et aux États-Unis doivent démontrer un certain degré de preuve de culpabilité. Ceci avant de délivrer un mandat pour des enquêtes invasives.

Afin d’aider les enquêteurs et les procureurs, les chercheurs proposent un cadre standard contenant cinq schémas d’argumentation.

Ceux-ci sont conçus dans le but de garantir un rapport et une explication appropriés tout au long de la procédure judiciaire.

Les chercheurs affirment qu’en utilisant certains types de schémas, un analyste peut clairement articuler les heuristiques employées, leurs forces individuelles et leurs faiblesses potentielles.

Cela rend ces analyses et les procédures judiciaires plus compréhensibles pour les décideurs. Cela faciliterait aussi la documentation en vue d’une vérification ultérieure par un témoin expert.