L’édition 2023 du Super Bowl, célèbre finale annuelle du championnat national de football américain (NFL), a connu son épilogue dans la nuit du 12 au 13 février à Glendale en Arizona. L’évènement qui réunit des dizaines de milliers de spectateurs et plus de 100 millions de téléspectateurs aux États-Unis n’a pas enregistré cette année les publicités de société de cryptomonnaies, comme ce fut le cas il y a douze mois. Le Super Bowl de l’année 2022 a même gagné le surnom de « Crypto Bowl », à cause de la surabondance d’annonceurs liés à cette industrie. Comment expliquer ce changement ?

Une absence remarquée

L’absence des sociétés de cryptomonnaies de la 57édition du Super Bowl a fait l’objet d’une abondante couverture médiatique. Le sujet a intéressé, car il tranche avec le constat fait lors de la 56édition. En 2022, plus de 100 millions de dollars ont été dépensés par seulement 4 sociétés, en l’occurrence Crypto.com, FTX, Coinbase et eToro.

Pour en savoir plus, lisez notre revue eToro et notre revue Coinbase.

Les célébrités qui ont été impliquées dans ces appels à l’investissement en cryptos vont de l’acteur Matt Damon au sportif, star US du basketball, LeBron James. Il faut dire que l’investissement pour une publicité lors du Super Bowl est nécessairement conséquent, compte tenu de l’audience que cet évènement draine chaque année.

Pour l’économiste du sport Mickael Terrien, il s’agit en effet d’un évènement unique par son ampleur dans la saison du football américain, par définition sport national aux États-Unis. Il est suivi en présentiel ou à la télé par des millions de spectateurs ou de téléspectateurs qui sont tous de potentiels consommateurs. C’est donc l’occasion pour les sociétés de se démarquer en faisant parler d’elles lors du show offert à la mi-temps et qui a enregistré cette année la présence de la chanteuse Rihanna. Le coût moyen d’un passage de pub lors de cette brève interruption est de 200 000 dollars pour cette édition 2023, apprend-on auprès de Mark Evans, l’un des responsables de la régie publicitaire de Fox Sports.

Les raisons de l’absence des sociétés crypto

Comme nous venons de le détailler, faire passer une publicité lors de la diffusion en direct du Super Bowl coûte assez cher et n’est pas à la portée du premier venu. C’est l’une des raisons qui expliquent l’absence des sociétés crypto lors du show de la mi-temps, à savoir les difficultés financières des sociétés crypto. Ces difficultés proviennent des derniers mois difficiles qu’a vécus l’industrie.

Entre deux éditions du Super Bowl, plusieurs crises successives ont en effet entamé la réputation de ces entreprises et affecté leur image auprès du grand public, poussant même certaines sociétés, qui en avaient peut-être les moyens, à abandonner toute apparition. C’est ce qu’a expliqué Mark Evans au média américain The Sporting News, évoquant quelques publicités qui ont été annulées après le scandale FTX.

Les crashs Terra et FTX instaurent davantage de prudence

Le premier scandale d’importance a commencé en mai 2022 avec l’effondrement du stablecoin TerraUSD (UST) et de la cryptomonnaie LUNA, tous les deux propulsés par la société Terraform Labs de l’homme d’affaires sud-coréen Do Kwon. Suite à quelques difficultés, dont l’épuisement des réserves de liquidités, le stablecoin UST a perdu la parité avec le dollar américain et entraîné dans sa chute la cryptomonnaie LUNA qui s’est effondrée de 99,9 % en quelques jours seulement.

De nombreux investisseurs liés à ces deux projets ont d’abord perdu tous leurs avoirs et, par un effet boule de neige, ce fut ensuite tout le marché entier qui a effacé en quelques jours des milliards en capitalisation boursière à cause de la panique déclenchée. Plusieurs autres cryptomonnaies, dont le Bitcoin, ont en effet vu leur prix baisser de façon drastique, alors qu’elles atteignaient des sommets quelques mois plus tôt. Un hiver crypto dont les effets sont encore en cours s’est donc installé.

Le coup de grâce de FTX

Alors que l’industrie tentait tant bien que mal de se relever du crash du stablecoin de Terra et se préparer pour une année 2023 plus prospère, le scandale de FTX discrédite le secteur. Le deuxième plus grand exchange du marché a en effet fait faillite début novembre, entraînant dans son sillage un nombre important de sociétés crypto, dont ses quelque 130 filiales. 

Contrairement au crash de LUNA qui a davantage affecté des investisseurs individuels, le scandale FTX a en effet touché directement plusieurs sociétés et entraîné la faillite de certaines d’entre elles, dont Genesis qui a récemment déposé le bilan. Parmi les retombées touchant directement les sociétés, on peut aussi souligner les difficultés de la société Silvergate, sorte de banque de cryptomonnaie, dont les dépôts clients sont passés de 12 milliards $ à 4 milliards $ en quelques mois.

Mais la plus grande conséquence du scandale FTX, c’est sans doute la perte de confiance en l’industrie qu’ont générée les malversations de l’ex-PDG de FTX, Sam Bankman-Fried, qui risque aujourd’hui jusqu’à 115 ans de prison au total pour les différents chefs d’accusation. C’est cette même perte de confiance, au-delà de la question financière, qui peut expliquer la réticence affichée par les sociétés quant à une publicité lors du Super Bowl.

Quel futur pour les cryptomonnaies ?

Une réglementation urgente est nécessaire selon les Banques centrales de plusieurs pays développés qui ont des plans de réglementation crypto. Or, une gestion centralisée des cryptomonnaies irait à l’encontre même de l’idée à l’origine de leur apparition, celle d’un monde où des échanges commerciaux seraient possibles sans l’influence d’un État ou d’organisations centralisées.