Dans ce guide, vous découvrirez ce qu’est le restaking et le liquid staking. Ensuite vous verrez le fonctionnement du leader du restaking : EigenLayer.
Ce que ce guide vous apprendra:
- Qu’est-ce que le restaking ?
- Qu’est-ce que le liquid staking ?
- Fonctionnement d’EigenLayer.
À savoir avant de commenter ce guide:
- Connaître ceux que sont les crypto-monnaies
- Connaître ce que c’est le staking
Les algorithmes de consensus sont un mécanisme essentiel au fonctionnement des blockchains. Ils permettent à ces dernières de sécuriser le réseau et d’atteindre un accord commun entre tous les validateurs de manière décentralisée.
Cette innovation a ouvert la voie à des systèmes décentralisés fiables. Parmi les différentes méthodes de consensus, le Proof-of-Stake (POS) se distingue. Il s’agit d’un moyen de décider quels utilisateurs valident les nouveaux blocs de transactions et obtiennent des récompenses pour l’avoir fait correctement. Alors que le secteur des cryptos continue de se développer, la plupart des blockchains ont adopté le POS.
Toutefois, bien qu’elle soit dans la pratique plus économe que le Proof-of-Work (POW) utilisé par le Bitcoin (BTC), ce mécanisme a aussi démontré ses limites avec le temps, notamment sur la blockchain Ethereum. C’est donc dans cette optique que le restaking a vu le jour.
Un concept qui est en pleine explosion et qui ajoute de nouvelles possibilités à la blockchain. Découvrons EigenLayer la pionnière dans ce domaine qui séduit actuellement les crypto-enthousiastes.
Qu’est-ce que le restaking ?
Avant de rentrer dans le vif du sujet, rappelons brièvement ce qu’est le staking et ses implications. Ce terme fait référence à un processus de la DeFi qui permet aux détenteurs de certaines cryptos de gagner des récompenses en verrouillant leurs jetons via des contrats intelligents afin de participer au fonctionnement et à la sécurité d’un réseau blockchain.
Le staking
Les bases de cette pratique ont été implémentées en 2012 avec le projet Peercoin, mais c’est en 2022 que le concept a été massivement adopté grâce à la blockchain Ethereum. Ce dernier, qui partageait avec la blockchain la méthode de consensus Proof-of-Work, est passé au Proof-of-Stake.
Aujourd’hui, plusieurs exchanges bien connus comme Binance, Coinbase, OKX, Gemini, etc. offrent tous des services de staking sur diverses crypto-monnaies comme : Ethereum, Solana, Polygon, etc.
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De même, les banques numériques de la finance traditionnelle comme Revolut permettent déjà à certains clients de staker des cryptos sur leur plateforme.
À titre d’exemple de l’explosion de ce concept, depuis début 2024, près de 26 % de l’offre totale d’ETH est actuellement en staking sur la blockchain Ethereum. Selon Cryptoast, cela représente près de 31 millions de jetons qui sont verrouillés dans les divers protocoles de cet écosystème.
Le Restaking propose une version améliorée de ce qui se fait actuellement en matière de staking. Le concept a été créé par le professeur de l’Université de Californie Sreeram Kannan et introduit dans la cryptosphère en juin 2023, par le projet Eigen Layer.
En effet, cette innovation permet aux participants de staker leurs actifs numériques plus d’une fois sans avoir à les retirer d’un pool de staking. Cela permet ainsi à l’utilisateur de gagner des récompenses supplémentaires et d’augmenter l’efficience de son placement en augmentant le Maximal Extractable Value (MEV).
Pour faire simple, vous stakez vos tokens, puis vous recevez d’autres tokens dérivés que vous pouvez restaker.
Les avantages du restaking sur le staking classique de cryptos
Description | Staking Ethereum | Restaking via EigenLayer |
Objectif | Soutient les opérations et la sécurité d’Ethereum. | Étend la sécurité d’Ethereum à d’autres réseaux couche 2 |
Processus | Dépôt d’ETH et exécution d’un logiciel de validation. | Accord de permissions supplémentaires pour que les ETH stakés prennent en charge divers AVS*. |
Récompenses | Gagnés pour la validation des transactions et le maintien du consensus de la blockchain. | Possibilité d’obtenir des revenus supplémentaires grâce aux AVS. |
Sécurité | Renforce le réseau Ethereum contre les attaques. | Étend l’utilité du réseau d’Ethereum à un plus grand nombre d’applications. |
Risques | Slashing (réduction de la récompense) pour comportement malveillant du validateur. | Slashing accru et dépendance à plusieurs protocoles. |
* AVS (Actively Validated Services) : Les AVS sont des applications blockchain qui fonctionnent en dehors de la machine virtuelle Ethereum (EVM). Ils comprennent des chaînes de couche 2, des couches de disponibilité des données, des séquenceurs, des dApp, des bridges inter-chaînes ou des machines virtuelles. EigenDA est par exemple un AVS et store de disponibilité des données créé par EigenLabs.
Dans le staking classique, les actifs sont immobilisés et inactifs pour une durée déterminée. Mais, avec le re-staking les actifs stakés génèrent d’autres tokens qui peuvent être utilisés sur d’autres protocoles à travers la DeFi et le Web3, et permettent ainsi de bénéficier de plus de récompenses.
Cette réutilisation se fait souvent par l’intermédiaire de tokens dérivés appelés Liquid Staking Tokens. Ces derniers sont des actifs qui sont adossés à vos cryptos stakées et qui peuvent être librement échangés ou verrouillés dans les protocoles DeFi qui les prennent en charge.
De même, le restaking supprime les barrières d’entrée, comme les exigences minimales élevées souvent associées au staking sur Ethereum.
Par exemple, sur Ethereum, il faut au moins 32 ETH pour faire du staking. Avec le restaking et les dérivés de staking liquide, l’obstacle lié à l’investissement initial conséquent est contourné.
En outre, en adoptant le restaking, les stakers contribuent non seulement à la sécurité du réseau original, mais aussi à celle d’autres protocoles ou plateformes qui utilisent leurs actifs restakés.
Les défis et controverses du restaking
Même si le restaking représente l’une des innovations majeures du Proof-of-Stake, certains acteurs sont tout de même sceptiques quant à son implémentation réelle.
Vitalik Buterin, le fondateur d’Ethereum, exprimait déjà ses inquiétudes sur la complexité que peut représenter ce mécanisme pour les validateurs moins expérimentés. Il a souligné que l’ajout de nouvelles couches de complexité risque de fragiliser la blockchain Ethereum.
Cela exige de jongler entre différents protocoles et de suivre plusieurs flux de récompenses. Il y a également un risque accru lié à la sécurité des protocoles secondaires. De fait, si leur intégrité est compromise, les actifs y sont vulnérables.
De plus, le restaking peut entraîner une centralisation involontaire, concentrant les actifs chez quelques validateurs ou protocoles. Cela pourrait nuire à la décentralisation essentielle à la blockchain. Enfin, participer à divers protocoles augmente les chances de subir des slashing si les règles ne sont pas respectées.
Comment fonctionne EigenLayer ?
Eigen Layer est le pionnier du restaking. Il a été conçu sur la blockchain Ethereum, et représente actuellement le 2e protocole le plus important en termes de TVL avec plus de 11,76 milliards de dollars.
Note : La TVL représente la valeur totale des actifs immobilisés dans les protocoles DeFi. Elle reflète la taille, la santé, et l’engagement des utilisateurs d’un projet crypto.
Sur Eigen Layer, les ETH des utilisateurs peuvent servir à sécuriser d’autres protocoles. Eigen Layer les réengage sur les divers pools de liquidité.
Note : Un pool de liquidité est un stock de crypto-monnaies bloqué dans un contrat intelligent destiné à faciliter les échanges décentralisés en offrant la liquidité nécessaire.
Les pools de liquidité se chargeront d’allouer directement vos ETH à des applications appelées AVS (Actively Validated Services). Les AVS peuvent être divers services de la DeFi comme les oracles ou les Bridges. En effet, de telles applications devaient jusqu’à présent créer leurs propres réseaux de validateurs.
Note : Un oracle en crypto est un intermédiaire qui fournit des données externes aux contrats intelligents. Un bridge est une plateforme qui permet le transfert d’actifs entre différentes blockchains.
Avec Eigen Layer, les développeurs peuvent se greffer à Ethereum et accéder à plusieurs validateurs sans forcément créer un smart contract ou lancer un token natif. Ainsi, grâce au restaking sur cette plateforme, il sera bientôt possible d’accéder à divers services de l’écosystème Ethereum et de gagner plusieurs récompenses.
Il existe diverses manières de faire du restaking sur Eigen layer, mais nous aborderons principalement le Liquid et le Native Restaking.
Le Liquid Restaking
Dans le Liquid Restaking, les utilisateurs sont censés déposer leurs LST (Liquid Staking Token) dans le restaking pool d’Eigen Layer. Ils reçoivent ainsi une double récompense, l’une venant du Liquid Staking Pool initial et l’autre des pools d’Eigen Layer.
Note : Le Liquid Staking Token ou LST est un jeton dérivé représentant des actifs stakés dans un protocole de staking liquide. Ce genre de jeton peut être échangé, prêté ou utilisé dans d’autres applications DeFi.
Actuellement, ce sont environ 12 pools de liquidité qui sont supportés par la plateforme avec d’autres qui ne tarderont plus à être lancés. Cependant, le projet limite périodiquement l’accès à ces pools et ne permet pas aux utilisateurs de staker leur LST.
Toutefois, des protocoles de Liquid Staking ajoutent désormais un module de restaking lié à Eigen Layer pour essayer de pallier ce problème.
Les LST supportés par EigenLayer
- stETH (Lido)
- rETH (Rocket Pool)
- cbETH (Coinbase)
- wBETH (Binance)
- osETH (Stakewise)
- swETH (Swell)
- AnkrETH (Ankr)
- EthX (Stader)
- OETH (Origin ETH)
- sfrxETH (Frax Ether)
- lsETH (Liquid Staked ETH)
- mETH (Mantle Staked Ether)
Coinbase Wrapped Staked ETH (cbETH) par exemple est un jeton utilitaire ERC-20 qui est une représentation liquide des ETH stakés sur Coinbase.
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Le Native Restaking
Cette méthode de restaking sur EigenLayer est un processus qui consiste à lancer un nœud validateur Ethereum via des contrats intelligents appelés EigenPod géré par l’utilisateur.
Mais, ce service est coûteux en plein bull run, car requiert d’être full node Ethereum avec 32 ETH. Cela permet de sécuriser les actifs tout en les rendant disponibles pour d’autres usages dans l’écosystème d’Ethereum, offrant ainsi des opportunités de récompenses supplémentaires.
Les principales fonctionnalités d’Eigen Layer
Eigen Layer propose une approche innovante en termes de sécurité et de décentralisation de la blockchain. Selon son whitepaper, trois piliers fondamentaux forment la base de ce projet.
Le Custom Decentralization
Eigen Layer réinvente le concept de décentralisation en offrant aux participants la capacité d’apporter leur soutien à divers services nécessitant un haut niveau de décentralisation.
Cette innovation facilite la résilience à la censure et l’exécution de calculs distribués en minimisant les exigences techniques pour les participants. En gros, Eigen Layer se veut encore plus accessible que d’autres protocoles de Liquid Staking simple.
Le Custom Slashing
Pour garantir une sécurité solide, Eigen Layer implémente un système de règles de slashing adaptatives. Ces règles, définies dans des contrats spécifiques, ont pour but de prévenir les comportements malveillants. Cette méthode encourage une participation responsable tout en optimisant la sécurité globale de l’écosystème.
La délégation à des opérateurs réseaux
Les stakers peuvent choisir de déléguer la gestion de leurs investissements dans EigenLayer à des opérateurs de confiance en fonction de divers critères. Cela permet à ceux moins enclins ou capables de gérer des opérations complexes de contribuer également à la sécurité du réseau.
Comment Restaker avec EigenLayer ?
Pour faire du restaking sur EigenLayer, vous devez d’abord vous assurer que les dépôts soient disponibles sur la plateforme. Il est important de noter que les dépôts sont parfois suspendus. Mais la démarche décrite ci-dessous est celle que vous devez suivre lorsque vous utilisez la plateforme.
Prérequis
Avant tout, vous devez disposer d’un wallet crypto compatible avec la blockchain Ethereum. Dans cet exemple, nous utiliserons MetaMask configuré sur le navigateur Google Chrome.
Vous devez avoir suffisamment d’ETH dans le wallet pour couvrir les frais de transaction sur le réseau Ethereum. Rendez-vous sur un exchange comme Binance pour en acheter si vous n’en possédez pas.
Étape 1 : Acquérir un LST (Liquid Staking Token)
Maintenant que tout est prêt, avant de vous rendre sur Eigen Layer, vous devez acquérir des LST supportés par la plateforme (cf. la liste précédemment énoncée).
Ces tokens peuvent être achetés sur un DEX comme Uniswap où ils peuvent être générés via un protocole de Liquid Staking d’Ethereum comme Lido ou Rocket Pool. Nous choisissons Rocket Pool et nous allons donc recevoir des rETH.
Étape 2 : Se rendre sur l’application EigenLayer
Avec vos LST, rendez-vous à l’adresse officielle du site d’Eigen Layer ici. Connectez votre portefeuille MetaMask à l’application EigenLayer.
Étape 3 : Déposer votre LST pour Restaking
Une fois que votre wallet est connecté, sélectionnez le LST que vous souhaitez restaker. Cliquez sur « Deposit » pour le LST choisi. Il faut ensuite entrer le montant du LST que vous souhaitez déposer pour le restaking et confirmez la transaction dans votre wallet.
Étape 4 : Suivi de votre investissement
Après avoir confirmé la transaction de dépôt, vous pouvez suivre l’évolution de votre restaking directement sur l’interface de l’application EigenLayer. Vous verrez vos « Restaked Points » augmenter en fonction de votre participation au restaking.
En outre, pour retirer ou ajuster votre dépôt, utilisez les options fournies par l’application EigenLayer. Notez qu’un délai de blocage de 7 jours est appliqué.
Avantages et inconvénients d’EigenLayer
- Augmentation de la Maximal Extractable Value (MEV) sur Ethereum.
- Étend la sécurité d’Ethereum à d’autres couches.
- Étend les cas d’utilisation d’Ethereum.
- Fonctionnement complexe, pas pour débutant.
- Dépendance à d’autres protocoles externes à Ethereum.
- Risque de slashing (pénalités) accru.