Bitcoin City
Vous en avez bien sûr entendu parler : le président du Salvador a récemment fait du bitcoin une monnaie ayant cours légal dans son pays (autrement dit une monnaie ne pouvant être refusée par les commerçants). Immédiatement conspué pour ses choix pro-bitcoin par l’establishment financier (FMI, Banque Mondiale…) n’ayant au passage d’utilité que dans des systèmes keynésiens drogués à la création monétaire, Nayib Bukele en a remis une couche. Il vient en effet d’annoncer la création de la “Bitcoin City” au Salvador.
Cette Bitcoin City sera une ville entièrement écologique avec ses quartiers résidentiels, ses zones commerciales, ses bars et restaurants mais aussi son port et son aéroport. Elle sera située non loin du volcan Conchagua duquel elle tirera la majorité de l’énergie nécessaire à son fonctionnement. Il n’existera pour ses résidents aucun autre impôt que la TVA de 10% sur la consommation de biens et de services dont la moitié des revenus servira à construire la ville et l’autre moitié à l’entretenir. Le gouvernement estime le coût de construction de la ville et de ses infrastructures à 300.000 btc.
Pour financer le début des travaux l’état salvadorien a choisi d’émettre une obligation libellée en dollars américains, d’un montant d’un milliard et qui sera remboursée sur 10 ans (avec un coupon annuel – comprenez un intérêt annuel – de 6.5%). Les investisseurs qui prêteront ainsi leur argent pour le développement de cette “Bitcoin City” verront la moitié de leur investissement servir à acheter du bitcoin et l’autre moitié à développer les infrastructures minières du pays (on parle ici de minage de bitcoin bien sûr). Ils feront donc un pari sur le cours du bitcoin et sur la rentabilité des opérations de minage de bitcoin qui exploiteront l’énergie géothermique presque gratuite, propre et renouvelable fournie par le volcan Conchagua. D’autres obligations seront émises par la suite et il y a fort à parier qu’elles n’auront aucun mal à trouver preneur.
Cette entreprise courageuse et visionnaire pourrait rapidement faire du Salvador “le nouveau centre financier de la planète” comme l’imagine Samson Mow de l’entreprise canadienne Blockstream, en charge d’émettre l’obligation “Bitcoin” sur son réseau “Liquid Network”. De nombreuses personnes prendront ces projets volcaniques de haut et pourtant…
Minage du bitcoin et environnement
Actuellement les mineurs en charge de valider les transactions du réseau bitcoin se partagent environ 50 millions d’euros par jour. Or les mineurs dégageant la plus importante marge brute sur ce chiffre d’affaires sont ceux ayant accès à une énergie inépuisable et bon marché. Et à ce jeu l’énergie géothermique des volcans salvadoriens, jusqu’à présent inexploitée, n’est rien d’autre qu’une manne financière qui tend les bras à ceux qui sauront l’exploiter.
En prenant cette décision, le gouvernement salvadorien propose donc :
- De développer une industrie propre et rentable grâce à une ressource renouvelable et inexploitée dans son pays.
- D’attirer des investissements étrangers.
- D’offrir aux fonds d’investissement obligataires et à leur immense manne financière l’opportunité de pouvoir s’exposer pour la première fois au bitcoin dans le cadre de leur mandat d’investissement.
Sans vouloir en faire l’apologie, on peut tout de même admettre qu’il est rafraîchissant de voir un président de 40 ans, entreprenant et suffisamment au fait des évolutions technologiques de son époque pour proposer à son pays une vision et un projet excitant. Ce n’est malheureusement pas chose courante de nos jours.
Il est aussi intéressant de s’intéresser aux conséquences à long terme de tels développements socio-économiques. En effet en déplaçant des populations au plus près des sources d’énergie renouvelables utilisées pour miner du bitcoin les avantages pour l’environnement sont multiples. L’utilisation de ces sources d’énergie devient immédiatement plus rentable en raison de leur proximité. Nos villes actuelles se sont construites au Moyen Âge sur des routes commerciales, fluviales etc… avec à l’époque relativement peu de considération pour la proximité des sources d’énergie que l’on ne savait pas ou peu transformer, stocker, acheminer ou tout simplement utiliser. C’est ainsi qu’aujourd’hui la majorité des coûts et du gaspillage énergétiques sont causés par le stockage et l’acheminement de ces énergies lointaines vers nos villes. En déplaçant les populations vers ces sources d’énergie et non l’inverse les bénéfices pour l’environnement sont évidents.
Aujourd’hui on estime que 40% des mineurs de bitcoin utilisent des énergies renouvelables. La rentabilité de ces mineurs est rendue possible grâce à leur capacité à se déplacer au plus près de ces sources d’énergie souvent inexploitées. C’est le cas par exemple des mines de bitcoin profitant de l’énergie géothermique au milieu de la banquise en Islande ou de celles qui jusqu’à récemment exploitaient l’énergie hydraulique abondante fournie par le fleuve Yangtze en Chine. Il ne leur suffit ensuite que d’une connection internet en 4/5g pour effectuer leur travail de validation des blocks et communiquer leur preuve de travail (“Proof-Of-Work”) au reste de la blockchain.
Il y a donc fort à parier que le minage du bitcoin devienne dans les années à venir le meilleur laboratoire de recherche et développement pour exploiter des énergies renouvelables de la façon la plus rentable possible. Ce cercle vertueux pour l’environnement est rendu possible non pas par la mise en place d’une fiscalité punitive ou du versement de subventions par un état à court d’idées mais par l’existence d’une réelle opportunité financière pour ceux qui se risquent à y investir leur temps et leur argent.
Bitcoin City et les NFTs
L’annonce hier de cette Bitcoin City est presque concomitante à la mise à jour tant attendue de Bitcoin dite “Taproot” qui a eu lieu la semaine dernière. Cette mise à jour avait notamment plusieurs objectifs :
- Permettre un traitement plus rapide des transactions bitcoin.
- Augmenter significativement la confidentialité et empêcher le traçage des transactions bitcoin.
- Faciliter la création de “smart contracts” (contrats intelligents) sur la blockchain Bitcoin.
Cette dernière évolution pourrait ouvrir la porte au développement de la “DeFi” (Finance Décentralisée) et d’autres applications financières innovantes sur le réseau Bitcoin. On peut donc désormais imaginer un futur dans lequel les résidents de la Bitcoin City s’échangeraient des NFTs enregistrés sur la blockchain Bitcoin en utilisant tous types de contrats intelligents. Car le président salvadorien a prévenu : tout sera pensé et construit pour Bitcoin.
Pensez-vous que les bons de fidélité émis par les commerces de la ville le seront encore sur de vieux cartons dont les coins se seront abîmés au fonds des poches des résidents et qui seront cochés d’une croix au stylo bic à chaque passage ? Chez Tokize nous pensons qu’ils seront transférés par des contrats intelligents sous forme de NFTs lors du paiement en bitcoin du bien et ou du service en question.
Pensez-vous que les investissements locatifs se feront sous la forme de SCPI gérées par des managers de fonds se rémunérant sur l’investissement des clients et dont la liquidité ne permet pas de récupérer ses fonds immédiatement en cas de besoin ? Chez Tokize nous pensons que des investisseurs, y compris aux moyens limités, pourront eux-mêmes composer leur portefeuille d’appartements et de maisons à louer. Ils achèteront et vendront instantanément en quelques clics des NFTs représentant 0.5% d’une maison en bas du volcan Conchagua ou encore 0.002% d’un appartement de bord de mer. Les loyers, payés évidemment en bitcoin par les locataires, leur seront alors immédiatement et automatiquement reversés chaque mois par des contrats intelligents et au pro-rata des NFTs qu’ils détiennent dans chaque bien.
De nombreux autres exemples nous viennent à l’esprit et nous les développerons à d’autres occasions sur ce site. De nombreux défis attendent aussi les précurseurs de la Bitcoin City mais nous croyons fermement en la résilience du Bitcoin et de ses idées libertaires. Même si la ville finissait ensevelie sous la lave, les survivants vendraient probablement des NFTs photographiques de ces hommes et femmes statufiés en pleine action, et ce contre le peu de bitcoin encore disponible.